Seine-Saint-Denis: mineurs, étrangers, seuls et à la rue, en attendant une solution politique

Des dizaines d'adolescents, venus seuls du monde entier, dorment dehors en Seine-Saint-Denis, un mois après la décision du conseil général de ne plus accueillir de nouveaux mineurs isolés étrangers, faute de moyens et au motif qu'il s'agit d'un «problème national».
Jeudi matin, une petite dizaine de jeunes sont allongés dans le hall du tribunal pour enfants de Bobigny, après avoir dormi dans un espace vert, tout près de là. «Cela fait 15 jours que je dors dehors et la journée, je viens parfois ici», confie un Indien, arrivé récemment en France, qui dit avoir 17 ans et préfère ne pas donner son nom.
Un autre, 16 ans, décrit un périple entamé au Pakistan, en passant par l'Iran, la Turquie, la Grèce, etc. Une fois à Paris, «je ne savais pas où aller et deux Pakistanais m'ont conseillé de venir ici», raconte-t-il. «Au Pakistan, il y a les combats, la vie est finie pour moi là-bas. En France, je peux tout recommencer», dit le jeune homme, fatigué.
Des salariés du tribunal leur apportent un petit-déjeuner, payé grâce à une collecte dans les bureaux.
Depuis le 1er septembre, environ 80 mineurs isolés étrangers (MIE) sont arrivés en Seine-Saint-Denis, rapporte le président du tribunal pour enfants, Jean-Pierre Rosenzweig. «Une vingtaine a pu être hébergée, mais plusieurs dizaines se sont retrouvées à la rue», déplore-t-il.
C'est «la débrouille» pour essayer de leur trouver un toit. La Croix-Rouge notamment en a accueilli certains. Mais M. Rosenzweig a aussi conseillé à de jeunes Maliens d'aller à Montreuil, où vit une forte communauté malienne, dans l'espoir qu'un compatriote les héberge. Il a lancé un appel aux habitants de Seine-Saint-Denis pour accueillir ces jeunes.
Et pourtant la France a signé des conventions internationales selon lesquelles elle doit accueillir et protéger ces mineurs.
Mais cette responsabilité retombe sur les départements. Or, depuis le 1er septembre, le président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis, Claude Bartolone, ne veut plus accueillir de nouveaux MIE. Il estime qu'il s'agit d'un «problème national» et «non d'une affaire locale», et qu'il «n'est plus en situation de les accueillir dignement».
La Seine-Saint-Denis est l'un des points d'entrée sur le territoire national via l'aéroport de Roissy. Elle a accueilli 943 MIE en 2010, sur un total d'environ 6.000 arrivés en France. Leur prise en charge a coûté 35 millions d'euros à ce département pauvre.
Le 22 septembre, la préfecture de Seine-Saint-Denis a annoncé que «le ministère de la Justice allait oeuvrer à une répartition plus équitable et homogène de l'accueil des mineurs étrangers».
Depuis, la situation ne s'est pas arrangée. Le département et l'Etat se renvoient la balle, selon plusieurs sources.
Il y a eu mardi une réunion en préfecture, a indiqué Claude Bartolone. «Ils m'ont fait des propositions, on veut du concret», a-t-il ajouté. Il attend que soit «écrit» et «officialisé» le cadre juridique des propositions.
Claude Bartolone demande aussi une réunion avec l'association des départements de France et le garde des Sceaux.
Dès qu'une issue à la crise sera trouvée, il promet de «rouvrir la plateforme d'accueil» des MIE. Cependant, il refuse d'en accueillir de nouveaux cette année, car déjà plusieurs centaines de jeunes ont été hébergés depuis début 2011.(liberation.fr)

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