Castelnaudary. Le Lauragais comme deuxième (dernière ?) chance

Le parcours de ces mineurs qui quittent l'Afrique, chassés par la misère et les guerres. Ils sont accueillis dans des centres pour tenter leur chance en Europe
L'ordonnance de 1945, en son article 26, stipule que « l'étranger de moins de 18 ans (1), ne peut faire l'objet, ni d'un arrêté d'expulsion, ni d'une mesure de reconduite à la frontière ». Encore heureux que la loi d'un pays comme le nôtre, qui se veut civilisé, protège les enfants, y compris ceux qui arrivent (et ils sont nombreux) du continent africain, d'où ils sont chassés par la misère et les guerres. Quel parcours du combattant pour ces jeunes. En Lauragais, comme partout en France, ils sont confiés à ces structures réservées aux mineurs en danger, voire aux mineurs délinquants. C'est le régime de la liberté qui prévaut, et c'est bien normal, ce qui nous a donné l'occasion de converser, malgré le barrage de la langue, avec l'un d'entre eux, dans notre bonne ville de Castelnaudary.

Ce qui frappe en premier, c'est la dureté du regard de celui qui n'est encore qu'un enfant. Plus de la tristesse que de la dureté, d'ailleurs, dans le fond des yeux du jeune Africain. À 15 ans, il quitte son pays (2) ravagé par la guerre civile. Une dangereuse traversée par la mer pour atteindre un premier pays, dans lequel, bien évidemment il ne sera déjà qu'un clandestin. Arrêté, malgré son, âge, il fait une semaine de prison et est expulsé. Retour à la case départ. Dans son pays en guerre, les autorités tentent de l'enrôler dans une milice armée. Après avoir été battu puis dépouillé, par une horde de jeunes voyous qui errent dans son pays, il se terre. Pour 5 000 euros, un passeur s'occupera de son nouveau départ. Il se retrouvera ainsi en région parisienne, seul dans la rue et il demandera de l'aide aux passants. Il sera ensuite pris en charge par l'une de ces plateformes d'accueil et d'orientation des mineurs isolés étrangers, animées par la Croix-Rouge, avant d'arriver en Lauragais. Bien évidemment, son plus grand souhait est de rester en France. Mais que fera la République, une fois que Soko (3) aura atteint sa majorité? S'il dépose une demande d'asile, sera-t-elle prise en compte ? En attendant, Soko travaille dur pour apprendre le français, puis pour apprendre un métier.
Les adultes lui ont déjà volé son enfance, lui voleront-ils aussi son avenir ?
(1) Il faut entendre «de moins de 18 ans».
(2) Pour des raisons bien compréhensibles d'anonymat, nous ne citerons pas son pays.
(3) Prénom d'emprunt.
(ladepeche.fr)

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