D’après cette directive de quatre pages datée de février 2012, les MIE représentent 1700 jeunes à Paris, soit «plus du quart des 5700 jeunes pris en charge», une situation «difficilement soutenable». Pour améliorer la situation, l’ASE annonce des «solutions nouvelles» : «le département souhaite développer des prises en charge plus courtes mais sur des parcours plus denses». Le cursus reste classique pour les moins de 16 ans, en revanche pour 16-17 ans, il passe à «deux ans maximum» et «un an maximum» pour les «17 ans et plus». Autrement dit, finis les contrats jeunes majeurs (CJM) qui permettait d’accompagner le jeune vers l’autonomie jusqu’à ses 21 ans.

« Missions facultatives »

A la Ville de Paris, on assume cette note : «Paris assume un tiers des MIE sur toute la France, nous n’avons plus les moyens de financer des missions facultatives, explique Romain Levy, adjoint chargé de la protection de l’enfance. On se concentre sur la mission obligatoire : les mineurs placés par le juge à l’ASE et on réduit sur les contrats jeunes majeurs. Pour les jeunes après 17 ans, on ne laisse pas tomber, on propose des formations courtes plus efficaces». Mais ces mesures sont loin de faire l’unanimité. Pour Jean-Pierre Alaux, du Gisti, «avec cette note, on laisse moisir dans un hôtel les plus de seize ans et demi, sans formation ni suivi éducatif, en attendant de les mettre dehors le jour de leurs dix-huit ans».
A l’Ase de Paris, le résultat n’a pas tardé à se faire sentir. «Dès le lendemain de cette note, les contrats jeunes majeurs étaient verrouillés, témoigne un travailleur social à l’Ase de Paris. C’est dramatique, on ne peut plus faire du sur-mesure, on se retrouve dans une logique purement gestionnaire.» Au moins 400 jeunes seraient concernés par la fin de ces contrats en 2012-2013. Romain Levy argue lui d’une prise en charge parisienne supérieure à la moyenne nationale avec 25% des jeunes de l’ASE bénéficiant d’un CJM, contre 13% dans le reste de la France. «Ce n’est pas une suppression des contrats jeunes majeur mais nous sommes en réflexion pour les réduire, reconnaît l’élu. Par exemple, ils ne sont pas tous obligés d’être de trois ans, alors qu’ils sont normalement de six mois renouvelables.»

Un document « Discriminatoire » ?

Pour les associations, cette note soulève un autre problème : l’établissement de consignes particulières pour les mineurs étrangers. « Discriminatoire » tranche un syndicaliste CGT de l’Ase de Paris : «On se permet des choses avec les mineurs étrangers qu’on ne se permettrait jamais avec d’autres populations. Imaginez si on disait qu’on ne prend plus en charge les bénéficiaires du RSA ou les handicapés ?».
Pour Renaud Mandel, de l’Association de défense des MIE (ADMIE), cette directive « va à l’encontre du droit et de l’intérêt supérieur de l’enfant», il l’a d’ailleurs transmise au Défenseur des droits. D’après ses calculs, 93 mineurs attendraient aujourd’hui à Paris pour une simple mise à l’abri, qui relève normalement de la compétence de l’État... A Paris, chacun attend de  
voir comment le nouveau gouvernement va gérer ce dossier ultra sensible.
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