Débarqués dans les aéroports parisiens, ils souhaitent ensuite atteindre leur eldorado : l'Ariège. Agés pour la moitié d'entre eux de 15 ou 16 ans, 40 % atteignent 17 ans, 10 % seulement ont moins de 15 ans. Depuis Paris, ces adolescents voyagent en train directement vers l'Ariège, où leur tout premier point de chute est le commissariat de police de Foix ou de Pamiers. « Ils ne s'arrêtent ni à Limoges ni à Toulouse. Ce qui est troublant est la similitude de leur discours » . Du côté du service d'aide sociale à l'enfance du conseil général, qui a dans ses compétences la prise en charge des mineurs isolés, des inquiétudes pointent. Car le scénario est bien ficelé. Qui en est le réalisateur ? Les pronostics sont ouverts.
L'Ariège réputée pour son accueil
« L'Ariège, comme le Nord-Pas-de-Calais ou des départements de région parisienne, est réputée pour offrir de bonnes structures, récentes, pour l'accueil de l'enfance en danger », précise le conseil général. Actuellement, 36 mineurs étrangers isolés vivent en Ariège, répartis sur quatre maisons pour enfants à caractère social (MECS) : le Cisell, à Lavelanet ; le Pyrène, à Prat-Bonrepaux ; l'Institut protestant de Saverdun et le foyer de Loumet, à Pamiers. Ils y sont hébergés, accompagnés et par ailleurs scolarisés. Tout cela a un coût : 1,5 million d'euros en 2011, soit 10 % du budget global de l'aide sociale à l'enfance, et à ce jour les foyers sont saturés. Cette charge-là, le conseil général ne refuse pas de l'assumer. En revanche, l'Ariège demande une solidarité départementale : « D'autres accueillent seulement trois ou quatre jeunes ». Depuis le bras de fer entamé contre l'État en 2008, sans suite… l'Ariégeois président du Sénat Jean-Pierre Bel a promis de se pencher sur le problème. Outre la prise en charge, persiste la question de la filière qui dirigerait ces jeunes vers l'Ariège. Sur ce point, la Cimade, ONG pour la défense des demandeurs d'asile, a sa petite idée. « C'est le bouche-à-oreille, tout simplement ; les jeunes téléphonent à leur famille dans leur pays d'origine et racontent qu'ils se sentent bien ici, tout en leur conseillant de les rejoindre. Je ne pense pas qu'il existe de réseau maffieux », estime Nicolas Mannlein, le président de la Cimade en Ariège. Tout cela reste pures suppositions. Quoi qu'il en soit, l'Ariège, terre d'accueil, garde mondialement sa bonne réputation.(ladepeche.fr)
