La venue de trois religieuses a fait l'objet d'une préparation minutieuse, qui n'est pas encore la règle dans tous les diocèses.
C'est un petit appartement situé au rez-de-chaussée d'une maison de Lisieux (Calvados). Aux murs, la carte du diocèse, quelques portraits, et une inscription : « Les Filles du Saint Cœur de Marie ».
C'est là, rue du Bon-Ange, au milieu de la Maison Saint-Jean-Eudes gérée par les Apprentis d'Auteuil, que cette communauté est arrivée du Sénégal en 2005.
Les trois sœurs, exerçant les fonctions de professeur et d'infirmière scolaire, assurent, depuis, une présence religieuse dans l'établissement, qui accueille notamment des apprentis cuisiniers ou maçons, mais aussi des jeunes en difficulté.
LA FRANCE, UNE TERRE DE MISSION
« Les spiritains, qui exercent la tutelle des Apprentis d'Auteuil, ont contacté notre supérieure générale, afin que nous puissions venir à Lisieux », explique Sœur Thérèse-Marie Mbaye, présente en Normandie depuis l'installation de sa communauté. Les deux religieuses, arrivées avec elle il y a six ans, sont reparties au pays, remplacées par d'autres.
En plus du Sénégal, les 250 sœurs de cette communauté vivent dans sept autres pays d'Afrique. Pour elles, la France est devenue une nouvelle terre de mission. « À la fin du XIXe siècle, notre fondateur quittait Strasbourg pour faire connaître Dieu à l'Afrique. Aujourd'hui, il est normal que nous soyons là. L'évangélisation ne s'arrête jamais. »
Depuis, les Filles du Saint-Cœur de Marie ont fondé en France deux autres communautés, à Évreux (Eure) et Strasbourg (Bas-Rhin). « En tout, nous sommes neuf sœurs. Nous nous appelons régulièrement et nous nous rencontrons au moins deux fois par an, c'est un réel soutien », explique Sœur Thérèse-Marie.
DES SOEURS « À L'AISE » DANS LEUR MISSION
Les sœurs sénégalaises constituent l'une des 12 communautés religieuses étrangères présentes dans les établissements gérés par les Apprentis d'Auteuil, arrivées sur le sol français depuis six ans. « La mission de ces religieuses est d'assurer une présence priante et gratuite »,explique le P. André Loos, délégué de la tutelle.
Avant de faire appel à des sœurs, il définit, explique-t-il, un projet précis avec leurs supérieures. Il exige aussi que les nouvelles venues s'engagent à venir pour un minimum de six ans. « Elles contribuent à maintenir un climat apaisé dans des établissements où nous avons beaucoup de mineurs étrangers isolés, lorsqu'elles viennent du même pays qu'eux »,apprécie le P. Loos.
Aujourd'hui, lorsqu'on les voit se promener dans l'établissement, revêtues de leur habit beige et voilées de blanc, les religieuses semblent à l'aise au milieu des élèves et des professeurs. Loin des difficultés des débuts. Au-delà du climat, « très dur », ce qui a frappé sœur Thérèse-Marie, ce sont « les eucharisties, qui ne sont pas aussi joyeuses qu'en Afrique ».
UN AN POUR S'INTÉGRER PLEINEMENT
Contrairement à ce que l'on observe dans les messes africaines, poursuit-elle, « les gens ont tendance à garder pour eux ce qu'ils vivent. Ils ne l'extériorisent pas. » L'inculturation des religieuses a pris du temps. « Pendant un an, nous avons observé notre environnement. Nous avons trouvé notre place progressivement »,disent-elles pudiquement.
À la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), on fait valoir que la venue de Thérèse-Marie et de ses sœurs, Thérèse et Christiane-Marie, a été l'objet de la meilleure préparation possible, « ce qui n'est pas toujours le cas ».
Dans la petite ville normande, un autre élément a été déterminant pour la réussite, c'est l'accueil, « chaleureux », selon les termes de Thérèse-Marie. Pendant un an, par exemple, une famille les a prises sous son aile, les aidant dans leurs démarches quotidiennes.la-croix.com