Il est arrivé il y a deux semaines à Rennes. « Je suis parti de Kinshasa avec un ami de mon père. Je suis arrivé à la gare de Rennes et il m’a dit qu’il allait me chercher un sandwich. » Les heures passent et l’ami ne revient pas. Elias (Prénom d’emprunt) 16 ans, se retrouve seul.« J’ai dormi dehors et le lendemain un monsieur m’a dit qu’il fallait que je me rende au centre d’action sociale. » Là, il est orienté vers la mission mineurs étrangers (MIE). Un service du Département qui dépend de l’aide sociale à l’enfance et qui dispose, depuis un an, à Rennes, de locaux spécifiques.
« Notre mission est de prendre en charge ces mineurs étrangers isolés et, dans un premier temps, de pourvoir à l’urgence »,explique le responsable de la MIE. « C’est-à-dire leur trouver un toit, des vêtements, les nourrir. » Plus tard, la mission mineurs étrangers, en lien avec le parquet, tentera de déterminer si le jeune est vraiment mineur, s’il a de la famille en France…
Un hôtel voué à la destruction réquisitionné
En attendant, Elias est hébergé dans un hôtel dans le centre de Rennes, réquisitionné par la MIE. Un établissement voué à la destruction. Dans ce même hôtel, une vingtaine d’autres mineurs étrangers. Aussi bien des jeunes hommes que des jeunes femmes. La très grande majorité vient du Congo. Certains y résident depuis plusieurs mois. Le midi, le propriétaire de l’hôtel leur fait la cuisine. Le reste du temps, les jeunes se débrouillent. Livrés à eux-mêmes. « On a des éducatrices qui viennent nous voir régulièrement », explique un des résidents, allongé sur son lit. Une situation qui choque plusieurs associations dont celle d’aide aux sans-papiers. « Il n’y a pas de gardiens dans cet hôtel et n’importe qui peut y rentrer. Les conditions d’hygiène et de sécurité posent problème. »
5 mineurs en 2000, 400 aujourd’hui
Les responsables de la MIE reconnaissent en effet que ce lieu d’hébergement n’est pas la solution idéale. « Au début des années 2000, nous avions 5 mineurs étrangers isolés à Rennes. Aujourd’hui, plus de 400. » Un afflux massif qui pose de véritables problèmes de logistique. « Lundi, nous avons eu 9 autres jeunes mineurs étrangers qui sont arrivés dans nos bureaux. » Les hébergements classiques et les familles d’accueil sont saturés. Après Paris et la Seine-Saint-Denis, l’Ille-et-Vilaine est le 3e département de France qui reçoit le plus d’étrangers mineurs. Pourquoi ? Difficile de le savoir. Le scénario de l’ami parti cherché un sandwich et qui ne revient pas est un grand classique !
« Près de 50 % de ces mineurs viennent du Congo et plus précisément de Kinshasa. L’autre moitié essentiellement d’autres pays africains. » L’existence de filières d’immigration est probable.
Coût : 15 millions d’euros par an
À plusieurs reprises ces derniers mois, Jean-Louis Tourenne, président du conseil général d’Ille-et-Vilaine, a tiré le signal d’alarme. Outre le poids financier que représente pour le département, la prise en charge de ces mineurs étrangers, près de 15 millions d’euros par an - le prix d’un collège neuf - il doit faire face à un problème humain, de société et politique. Impossible de laisser des mineurs à la rue mais la capacité d’accueil de Rennes est au bord de l’explosion.
ouest-france.fr