Mineurs isolés étrangers : le Bas-Rhin sous pression


Une dizaine d'adolescents sans-papiers et sans famille arriverait chaque semaine dans le département du Bas-Rhin. Les structures d'accueil sont saturées. Associations et travailleurs sociaux s'inquiètent des conditions dans lesquelles ces jeunes sont accueillis.

Mineurs isolés étrangers ou MIE. Ce qualificatif désigne des jeunes arrivés de l'étranger, séparés de leur famille. De part la loi, la France doit les accueillir, les héberger, assurer leur scolarité, et c'est aux conseils généraux que cette tâche revient.
Le Bas-Rhin, sixième département de France pour l'accueil des mineurs isolés étrangers
Mais tous les départements ne sont pas égaux devant cette situation. D'après des chiffres de l'Assemblée des départements de France, le Bas-Rhin serait le sixième pour l'accueil de ces adolescents. Selon le conseil général, 320 "MIE" sont actuellement présents sur le territoire du Bas-Rhin.
Pour Sabine Ischia, directrice enfance et famille au conseil général du Bas-Rhin, le seuil de saturation est dépassé.
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Sabine Ischia : "le Conseil Général souhaite que ce problème soit posé au plan national" Blandine Costentin
 

Qui sont ces jeunes ? D'où viennent-ils ?

En ce moment, dans le Bas-Rhin, ils viennent principalement du Bangladesh, d'Algérie ou encore du Congo, mais aussi d'Europe de l'Est ou d'Afghanistan. Chassés par la misère ou la guerre, ils viennent chercher un avenir meilleur.
Osmann souhaite acquérir la nationalité française et devenir serveur dans un restaurant - Blandine Costentin © Radio France
Osmann est afghan. Il est arrivé en France à l'âge de 17 ans. Accueilli par l'association Thémis, il a été hébergé au Foyer Oberholz de Bouxwiller, avant d'intégrer un appartement collectif. Il prépare actuellement un bac technologique en hôtellerie à Illkirch.
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Osmann : "Pendant le voyage, on a toujours peur" - Blandine Costentin
 
Ces adolescents relèvent donc de l'aide sociale à l'enfance du conseil général. Théoriquement, ils sont donc placés en foyer. Une solution particulièrement bénéfique explique Gaëlle Le Guern, juriste au foyer Oberholz.
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Gaëlle Leguern, juriste au foyer Oberholz : "Ces jeunes ont l'énergie de l'espoir" - Blandine Costentin
 
Mais avec la hausse du nombre d'arrivants, les services de la collectivité ont commencé à placer une partie des jeunes à l'hôtel. Et le suivi s'est dégradé. D'après Guillaume Albert, le directeur de l'association d'aide à l'enfance Thémis, des problèmes de délinquance ont fait leur apparition. Thémis a d'ailleurs saisi à cet effet à la fin 2012 le conseil Intercommunal de sécurité publique.
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Guillaume Albert, le directeur de l'association Thémis Blandine Costentin
 
Une sorte d'observatoire doit être créé pour suivre la situation des mineurs isolés étrangers dans le département.

Des mesures pour pallier un suivi défaillant

Actuellement, 141 jeunes sont hébergés à l'hôtel. Le conseil général a pris des mesures pour améliorer la situation de ces adolescents. Trente places d'hébergement devraient être ouvertes prochainement par l'association Arsea.
Et, depuis cet été, le conseil général du Bas-Rhin finance le Sami,Service d'accompagnement des mineurs isolés. Ce dispositif s'adresse à 60 jeunes qui dorment à l'hôtel, mais sont suivis par les travailleurs sociaux de l'association Foyer Notre-Dame.
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Emmanuel Klainguer, chef de service du Service d'Accompagnement des Mineurs Isolés à Strasbourg  
Le dispositif mis en place pour un an coûte plus de 200.000 euros. Il devra sans doute être prolongé.

Une lettre ouverte des agents du conseil général

L'installation des jeunes à l'hôtel a causé aussi un certain émoi chez les personnels du conseil général. Des travailleurs sociaux et des psychologues ont écrit une lettre ouverte au président Guy-Dominique Kennel. Ils dénoncent par exemple le suivi minimal des adolescents.
Marielle Jourdain, secrétaire général adjointe de la CGT des personnels du conseil général.
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"Peu de moyens sont mis à disposition de ces jeunes" 
 
Et le conseil général du Bas-Rhin a décidé de mettre en oeuvre unepolitique beaucoup plus restrictive pour freiner les arrivées d'adolescents étrangers, comme l'explique Sabine Ischia, directrice enfance et famille.
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Sabine OIschia : "Vérifier si le mineur l'est vraiment" 
 
Face à cette politique, les professionnels de l'aide sociale à l'enfance menacent de ne plus remplir leur mission à partir du 1er février, si le département ne revoit pas sa politique en faveur des jeunes étrangers.
La situation du Bas-Rhin n'est pas isolée. Le Défenseur des droits a récemment adressé 15 recommandations à la ministre de la Justice sur ce sujet.

francebleu.fr
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