Pourquoi j'irai jusqu'au bout de ma décision

CLAUDE BARTOLONE DÉPUTÉ, PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE SEINE-SAINT-DENIS

Pendant des années, j'ai alerté le Gouvernement sur les difficultés que rencontraient les services de l'aide à l'enfance de Seine-Saint-Denis dans l'accueil de mineurs isolés étrangers de plus en plus nombreux. De 500 de ces mineurs du monde entier accueillis en 2007 au nom de notre mission départementale de protection de l'enfance, nous étions passés à 950 l'an dernier, sans que nos moyens soient renforcés, ni que nous voyions l'ombre d'une mobilisation pour transformer un système aberrant, puisqu'il voyait finalement le département le plus pauvre du pays prendre seul en charge la plupart des jeunes sans attaches et sans repères arrivés jusqu'en France. J'ai eu beau écrire courrier après courrier aux Ministres concernés, interpeller le Président de la République lui-même, le sort de ces mineurs a semblé aussi peu préoccuper que les difficultés croissantes de mon département à assurer un soutien pour ses enfants et ses familles en difficulté. Il y a quatre semaines, j'ai mis l'Etat face à ses responsabilités en décidant de ne plus accueillir de nouveaux arrivants mineurs isolés étrangers au sein des services de l'aide sociale à l'enfance en Seine-Saint-Denis.
Aujourd'hui, j'ai pu enfin rouvrir le pôle d'évaluation, une structure inaugurée au début de l'année 2011 pour faciliter le travail d'orientation et de prise en charge de ces mineurs. Ce geste répond à une avancée: le Préfet m'a confirmé vendredi dernier, par écrit, des engagements qu'il avait évoqués dans un communiqué il y a deux semaines. Je le rappelle, ces engagements doivent permettre, et je l'espère le plus rapidement possible, une meilleure répartition entre les départements des mineurs étrangers qui, après avoir fui les désordres du monde, demandent à la France une aide et un soutien.

Ces derniers jours, j'ai entendu ci et là quelques voix brandir des chiffres mensongers, et aller jusqu'à inventer que nous laissions des mineurs à la rue. A ceux qui manient la désinformation, je le dis clairement : ce n'est pas maintenant que je faiblirai ou que je baisserai les bras. Les lignes ont enfin bougé, les citoyens ont pris la mesure d'un problème trop longtemps resté dans l'ombre médiatique, et les acteurs de terrain s'accordent sur la nécessité d'un changement. Comme responsable politique d'un Département qui est aussi le plus jeune de France, je récuse toute désinformation sur la question des mineurs isolés, et je refuse la tentation du statu quo alors qu'elle est un désastre et pour les enfants qui sont confiés aux services de mon Département et pour les services eux-mêmes, qui d'aide à l'enfance basculent vers de l'urgence humanitaire. C'est pour cela que je poursuivrai ce combat, et ce jusqu'à ce que le sort des mineurs isolés étrangers en France soit digne de notre tradition républicaine d'accueil et des standards que la France a fait siens en ratifiant la Convention internationale relative aux droits de l'enfant.

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