Immigration La Ville de Paris et les associations s'inquiètent de l'afflux de jeunes étrangers

Chaque soir, ils participent à la même loterie. En rang sur deux files, place du Colonel-Fabien (10e), des mineurs afghans, maliens ou encore bangladais espèrent passer la nuit au chaud. Vingt-cinq, pas un de plus, sont accompagnés par l'association France-terre d'asile (FTA) jusqu'à un foyer où ils dormiront sur des tapis de sol, dans la salle à manger. Un luxe comparé à leurs camarades laissés à la rue, au nombre de trente-neuf mercredi soir. Eux ont trouvé refuge sur un terrain de basket, sous le métro aérien de Jaurès (19e), à la lumière des néons.

Depuis dix jours et la fermeture d'un gymnase mis à disposition par la Ville de Paris durant la période de grand froid, des mineurs étrangers se retrouvent dans la rue le soir. « La situation n'a jamais été aussi détériorée », s'alarme Pierre Henry, directeur général de FTA. D'après les données du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), « 31 mineurs ont été laissés dehors » en moyenne chaque soir depuis début mars, contre 7 en février, 16 en janvier et 15 en décembre. Des chiffres contestés par la Ville. « Certains jeunes ont plus de 18 ans et essaient de rentrer dans le dispositif. C'est humain. Mais je l'assure, il y a moins de dix mineurs avérés qui dorment dans la rue », corrige Romain Levy, adjoint (PS) au maire de Paris chargé de la protection de l'enfance. Ce sont surtout les jeunes Afghans et Bangladais qui ont afflué récemment. « C'est davantage lié à l'activité des passeurs qu'à un événement géopolitique », précise Bachir, un bénévole de FTA qui estime que beaucoup sont en transit, avant de rejoindre la Belgique, la Suède ou le Danemark. « Ils ne restent pas ici car ils ne sont pas pris en charge. Alors ils vont tenter leur chance ailleurs », poursuit Jean-Michel Centres, membre du Mrap. La Ville de Paris assure faire son maximum pour protéger ces mineurs. « Nous avons créé 160 places dans la capitale, alors que la responsabilité de mise à l'abri incombe à l'Etat. Il a ouvert 100 places en 2003. Depuis, plus rien », regrette Romain Levy.

« On veut juste un lit »
Lors d'une réunion de travail à la Chancellerie le 7 mars dernier, le ministre a reconnu la responsabilité de l'Etat et s'est engagé, selon nos informations, à financer 50 % des frais liés à la prise en charge avant que la justice détermine leur âge et les confie aux conseils généraux.
Emmitouflé dans son duvet, sous le métro Jaurès, un jeune Afghan qui dit avoir 17 ans ne souhaite qu'une chose, un toit pour dormir. « En Italie, nous étions rassemblés dans des camps. Pourquoi on ne nous donne pas ça ici ? On ne veut pas d'argent, juste un lit. »
20minutes.fr
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