Bastien Defives a confié des appareils photos jetables à 8 jeunes mineurs Isolés Etrangers. Pour découvrir leur travail, rendez-vous au Point Ephémère le Dimanche 20 mai 2012 (200 quai de Valmy 75010 Paris) dans le cadre de la rencontre festive « A 18 ans tu peux voter, moi je peux être expulsé ».
Ils viennent du Moyen-Orient, d'Asie Centrale, d'Afrique, de l'Inde… Ils ont moins de 18 ans et ils sont seuls. Ils sont désignés administrativement comme MIE : Mineurs Isolés Etrangers. Ils seraient plus de 6000 en France.
Migrants forcés, jeunes en danger du fait d'une situation politique ou personnelle difficile, migrants économiques cherchant simplement du travail et une vie meilleure, tous portent une histoire particulière. Et tous devraient pouvoir bénéficier des garanties prévues par la Convention Internationale des Droits de l'Enfant: logement, nourriture, éducation… En pratique, selon les âges, les histoires de vie, les nationalités, les personnalités… les parcours administratifs et personnels de chacun d'eux peuvent être très différents.
Pour certains, les débuts à Paris se font gare du Nord ou gare de l'Est puis Place du Colonel Fabien, ou un espace de mise à l'abri de nuit est destiné à certains des mineurs non pris en charge. Les jeunes se mettent en ligne, espérant obtenir de la part de France Terre d'Asile le ticket d'entrée pour passer la nuit au chaud et à l'abri. Il n'y a que 25 places, pour parfois plus de 50 ou 60 personnes alignées…
Tout proche, se trouvent les bureaux de la PAOMIE (Permanence d’Accueil et d’Orientation des Mineurs Isolés Etrangers), gérée par France Terre d'Asile, association mandatée par le Conseil de Paris pour déterminer ceux qui seront pris en charge et ceux qui seront laissés à la rue. Selon les cas ils pourront ensuite être dirigés, si une place se libère pour eux, vers des foyers de mise à l'abri, des chambres d'hôtel, des foyers d'accueil de jour… voire des familles d'accueil et des structures éducatives.
En pratique, lorsqu'ils ou elles arrivent à pénétrer sur le territoire français, les mineurs isolés n'y sont pas toujours accueillis à bras ouverts. Accusés de mentir sur leur âge, leur situation familiale, sur la réalité des risques qu'ils encourent, certains sont renvoyés à leur errance. Parmi ceux qui pourraient être considérés comme chanceux car pris en charge d'une manière ou d'une autre par l'Aide Sociale à l'Enfance, beaucoup seront empêchés d'aller à l'école ou de solliciter l'asile, ce qui les condamnera à devenir des sans-papiers à leur majorité.
Parallèlement aux services des départements parfois volontairement défaillant, qui semblent considérer la question des mineurs isolés comme un flux migratoire de plus à juguler, un certain nombre d'associations, collectifs et réseaux (CIMADE, MRAP, Hors-la-Rue, DEI-France, Collectif de Soutien des Exilés, RESF, GISTI, ARFOG…) apportent une assistance juridique, administrative et humaine à ces enfants déracinés. Et bataillent à leur côté pour leur permettre d'aller à l'école, de se former… et tenter ainsi d'entamer leur vie d'adulte dans de bonnes conditions.
Le travail photographique présenté ici a été réalisé en janvier et février 2012 avec 8 jeunes, Mineurs Isolés Etrangers ou jeunes majeurs arrivé en France comme MIE. J'ai invité chacun d'eux à prendre des photos à l'aide d'un appareil jetable, afin d'apporter des visions de l'intérieur sur leur quotidien. Les 8 témoignages photographiques sont accompagnés des interviews des jeunes concernés, ainsi que de leurs regards cadrés en gros plan.
Ma volonté est ici de sortir ces enfants ou jeunes adultes de la masse des chiffres, et de replacer la question de leur immigration sur un plan plus humain que statistique.