Comme chaque année, le Delanopolis vous aide à déjouer les pièges et les mensonges de l'offensive de communication qui accompagnent la présentation du budget parisien. L'exercice est un peu aride mais lui seul permet de dissiper le nuage de fumée qui entoure la politique municipale.
Pour cette édition 2011/2012, nous nous amuserons à décortiquer les trois grands mots de la rhétorique delanoesque appliquée au budget : solidarité - bonne gestion - transparence.
Le budget est pour Delanoë un exercice annuel imposé durant lequel les mêmes mots reviennent de façon purement mécanique. Comme ses auditeurs semblent gober sans réagir tous ses pontifiants (et faux) discours, pourquoi bouderait-il son plaisir ?
Illustration à travers trois grands mots magiques de la rhétorique municipale appliquée au budget : solidarité ; bonne gestion ; transparence.
SO-LI-DA-RI-TÉ
Le maire de Paris n'a que ce mot à la bouche. La dépêche AFP du 8 décembre le reprend d'ailleurs servilement : « En pleine crise, la ville de Paris va voter un budget 2012 "sérieux", elle veut "intensifier" l'aide aux publics en difficulté face à la crise et, comme pour l'exercice 2011, plus de 2 milliards d'euros seront consacrés à la solidarité ».
Ah, le bon maire que voilà !
Premier hic : on ne comprend pas bien ce que sont ces fameux deux milliards qui juxtaposent le financement du logement, les places de crèches et même le financement du tramway. Le T 3, stade suprême de la solidarité : il fallait oser !
Si l'on fait l'effort de lire les documents budgétaires plutôt que les communiqués de presse, que constate-t-on ?
1- Que la priorité aux dépenses sociales, axe majeur de la municipalité ne s'est pas traduite dans les chiffres. Petit rappel : la subvention au Centre d'action sociale est passée de 225,6 M€ en 2001 à 316,5M€ en 2012, soit une mirifique augmentation de 40 % en douze ans, guère plus que l'inflation ! Les dépenses d'aide sociale légale sont passées de 461,8 M€ en 2001 à 612,7M€ prévus pour 2012 : là encore, il n'y a aucune trace d'effort social notable.
2- Que, pour 2012, les augmentations sont concentrées sur quelques postes, dont curieusement la mairie ne se félicite pas dans ses documents budgétaires. L'exemple le plus frappant est celui de l'Aide sociale à l'enfance, dont on apprend au détour d'un paragraphe technique du rapport de présentation du budget départemental qu'elle augmente en raison de l'aide aux mineurs étrangers isolés (MIE). Citation : « Les dotations s'élèvent à 311,45 M€ contre 286,99 M€ en 2011, soit une progression de 8,5 %. Cette forte hausse des dépenses d'aide sociale à l'enfance est très largement liée au nombre grandissant de mineurs isolés étrangers (MIE) pris en charge. Paris et la Seine-Saint-Denis concentrent la quasi-totalité des MIE en France ». Ainsi, loin des discours grandiloquents sur la solidarité, la principale hausse du budget d'aide sociale est purement subie, elle est due au choix desdits mineurs de tenter de s'installer à Paris. A la lecture, on a la nette impression que les rédacteurs de ce passage regrettent que Paris et la Seine Saint Denis supportent seuls cette charge …
3- Qu'en matière de solidarité réelle, il y a loin de la coupe des déclarations aux lèvres des réalités : quand il s'agit de transférer un peu du magot des droits de mutation ( 950 millions cette année ) aux collectivités moins chanceuses que Paris, Delanoë dénonce… une attaque de l'Etat ! Il est pour le principe (comment être contre ?) mais opposé aux modalités concrètes de mise en œuvre !
Surtout, ce qu'il oublie de dire, c'est que le principal effort de solidarité va du portefeuille des Parisiens, qu'ils soient contribuables et/ou usagers, au puits sans fond des dépenses municipales de toutes natures.
Ce qui nous amène au deuxième grand mot.
BO-NNE GES-TION
Ah ! La bonne gestion. Depuis plus de dix ans, cette antienne est psalmodiée avec une telle ferveur, une telle constance, qu'on en vient à penser que Delanoë y croit lui-même. Pour l'aider à percevoir la réalité, on pourrait lui conseiller de lire « Comptes et légendes de Paris » de Dominique Foing, livre qui fait un bilan sans complaisance mais sans acrimonie (autrement dit, un bilan objectif) de sa gestion. Mais il a déjà dû oublier qu'un tel crime de lèse-municipalité avait été commis tant l'omerta médiatique autour de cet ouvrage a été impressionnante.
Pour résumer, le discours de la bonne gestion s'articule autour de trois points :
1- Priorité à l'investissement : c'est le must absolu de la communication delanoesque. On a presque l'impression qu'avant 2001 pas un fifrelin n'avait été dépensé pour investir dans la capitale. Moins de clairon, toutefois, cette année sur le sujet. Et pour cause, confirmant les tendances des précédentes années, la mairie donne un coup de frein aveugle à l'effort d'investissement.
Vous ne nous croyez pas ? Prenons les chiffres du budget : en 2001, Ville et Département de Paris votaient 930 millions d'euros d'autorisation de programmes, en 2008 : 1,7 milliard, en 2011 : 2, 5 milliard et, soudain, en 2012 c'est l'effondrement : 1,12 milliard ! On on revient quasiment, inflation déduite, au niveau d'il y a douze ans. Que s'est-il passé ? La prise de conscience trop tardive d'une gestion dispendieuse. Pour les crédits de paiement, le tournant est lui-aussi amorcé avec une baisse de 3,1 %.
Le freinage est plus que brutal. Et le pire, c'est que dans ce contexte de baisse massive de l'effort d'investissement, la mairie privilégie les opérations coûteuses, discutables et de prestige (Quais de Seine ; Jean Bouin ; etc.) au détriment de l'investissement de proximité et de l'entretien du patrimoine. Un exemple, ô combien symbolique : 14M€ seulement sont prévus pour l'entretien des équipements sportifs … Nous n'aurons pas la cruauté de totaliser le coût pour la ville de Jean Bouin, de Roland Garros … ni de détailler les conditions de la débudgétisation du financement de la rénovation de la piscine Molitor… dossier sur lequel il faudra revenir en détail.
2- Stabilité fiscale. L'AFP rapporte les propos de Bernard Gaudillère, adjoint chargé des finances : "la ville respecte la promesse faite aux Parisiens de ne pas toucher" aux impôts directs jusqu'à la fin de la mandature, en 2014".
Vous avez bien lu : oubliés les +72% de taxe foncière récemment dénoncés par l'Union nationale de la propriété immobilière, aux oubliettes les +35% en moyenne de taxe d'habitation, omis les droits de mutation qui ruissellent toujours plus lors des ventes d'appartements à Paris.Certes, nous direz-vous, il s'agit de 2012. Le problème est que, même pour 2012, les impôts des Parisiens (siennes) vont augmenter. Et pas qu'un peu. Exemple : la taxe de balayage. Cet impôt, que Paris est quasiment la seule ville de France, avec Levallois-Perret, à avoir créé passe dans les charges des immeubles ! Ni vu ni connu… et on n'en parle jamais. Sauf que cette année le coup de bambou est sévère puisque la ville attend + 30% de recettes (soit la bagatelle de 100M€ tout de même).
Pour ne pas lasser ou accabler le lecteur, ne parlons ni des multiples augmentations de taxes sur les entreprises décidées depuis deux mois par la ville de Paris, ni des effets des hausses de tarifs et redevances de toutes sortes (au hasard dans le budget 2012 : redevances dans les cimetières (+1M€), droits de voirie pour les petits commerçants (+5M€) ; droits dans les crèches (+4M€).
Ah si, un dernier mot, quand même : les augmentations d'impôts sont censées financer l'effort d'investissement !!! Si, si : le maire et son adjoint aux finances continuent de le dire très sérieusement !
3- Maîtrise des dépenses de fonctionnement : on confine ici au chef d'œuvre.
Reprenons la présentation du budget qui ressort du communiqué de l'AFP, tiré lui-même de la communication municipale : « Lors de l'exercice précédent, la ville n'avait pas lancé de plan spécifique d'économies, mais pour 2012 elle prévoit de réduire les dépenses de "24 à 25 millions d'euros". Seront ainsi rabotés les "crédits d'étude" (-3,1 M), le dispositif des "classes de découverte" (-1,2 M), la provision pour les subventions culture (-800 000 euros), notamment. Les subventions au sport de haut niveau seront en baisse d'1M, tout comme les crédits de la direction de la communication (-1 M). Pour 2012, le budget total de Paris (ville et département), le plus important de toutes les collectivités en France, s'élèvera à 7,9 milliards d'euros, en légère augmentation par rapport à 2011 (7,6 milliards). »
Est-ce une farce ? D'abord, nous n'aurons pas la cruauté de rapprocher les sommes mentionnés en exemple des gaspillages himalayens décrits à longueur d'articles sur le Delanopolis. Mais surtout, 300 millions d'euros, ce sont 4% de dépenses en plus sur une année. Est-ce cela « une légère augmentation » ? C'est effectivement une hausse moins importante que celle des impôts des Parisiens mais il s'agit tout de même de la poursuite incroyable de la dérive du budget de fonctionnement en temps de crise. Et d'un chiffre sensiblement supérieur à l'inflation !
Et puis, il faudrait que le maire et ses communicants fassent l'effort de relire leur prose d'une année sur l'autre. Cela leur éviterait de se contredire. En 2012, si l'on en croit l'AFP : « lors de l'exercice précédent, la ville n'avait pas lancé de plan spécifique d'économies ". L'an dernier on nous annonçait pourtant en plastronnant : « Quant aux crédits affectés aux charges à caractère général, ils baissent sous l'effet d'une politique active d'achat rationalisée et d'économies importantes sur les consommations » (rapport de présentation du budget primitif 2001). Peut-être cet oubli tient-il au fait que les économies réelles furent moins importantes que celles annoncées… et que l'on escompte une amnésie générale !
Très curieusement, la présentation du budget glisse avec la légèreté d'une sylphide anorexique sur un tout petit détail, un chiffre de nulle importance, une évolution sans conséquence : la diminution de plus de 150M€ de l'autofinancement du budget, c'est à dire de la capacité de la ville à préparer l'avenir autrement qu'en s'endettant !
Cet autofinancement porte le doux nom de "prélèvement sur ressources ordinaires".
Entre 2011 et 2012, il chute de 764,1 à 610,3 millions d'euros : - 20 % ! Et, s'agissant de l'autofinancement volontaire, celui que la loi n'impose pas, et qui résulte donc d'un vrai choix de gestion, c'est le trou d'air : - 45, 1 % !
Ce chiffre, mieux que tous les autres, illustre l'impéritie de la gestion delanoiste de Paris, engagée dans une fuite en avant, avec des dépenses de gestion courante incontrôlables et des chantiers inutiles et pharaoniques (Halles, Jean Bouin, Berges, place de la République, etc.) dont le coût ne fait que dériver. Et voila le travail : la ville est tellement asphyxiée, malgré le torrent des recettes fiscales, des droits de mutation aux augmentations de taxes foncières en passant par la taxe de balayage et celle d'enlèvement des ordures ménagères qu'elle doit désormais diminuer drastiquement son effort d'épargne. Et le corollaire obligé est la hausse de l'endettement, son inexorable croissance : autorisation d'emprunt 2010 : 704M€ ; 2011 : 775 M€ ; 2012 : nouveau record absolu : + 809M€.
TRANS-PA-RENCE
Evidemment, quand des fâcheux lui disent tout ça, Delanoë s'énerve, rétorque qu'avec lui c'est beaucoup plus clair qu'avant, qu'il est le premier à pratiquer la transparence et sort son joker : le triple A.
Pour la transparence, n'insistons pas : en 2001, il avait promis de créer une commission indépendante composée d'experts qui pourraient faire un diagnostic régulier de l'état des finances. Une fois élu et malgré les demandes régulières en ce sens, il a mis sa promesse aux oubliettes. Dans le même ordre d'idée, il refuse obstinément depuis plus de cinq ans le lancement d'un audit des finances municipales sur le modèle de celui qu'il a commandité à peine élu maire en 2001. Son refus a un prétexte : chaque année, la situation financière de la ville est examinée par les agences de notation et il n'est donc nul besoin d'un audit supplémentaire.
Argument doublement surprenant : en 2001, les finances étaient déjà analysées par Standard and Poor's (et la ville déjà notée triple A) et cela ne l'a pas empêché de commanditer son audit ; surtout, les agences de notation ne notent pas la qualité de la gestion : elles analysent la capacité d'un emprunteur à rembourser. Et pour une collectivité publique, elles examinent essentiellement son potentiel fiscal, c'est-à-dire sa capacité à augmenter les impôts. Et de ce point de vue, Delanoë est une excellent élève qui n'hésite pas à aller chercher dans la poche des contribuables parisiens l'argent nécessaire au remboursement des emprunts toujours plus importants qu'il contracte.
Mais ce sujet brûlant est traité cette semaine par article séparé ... A suivre !
Pour cette édition 2011/2012, nous nous amuserons à décortiquer les trois grands mots de la rhétorique delanoesque appliquée au budget : solidarité - bonne gestion - transparence.
Le budget est pour Delanoë un exercice annuel imposé durant lequel les mêmes mots reviennent de façon purement mécanique. Comme ses auditeurs semblent gober sans réagir tous ses pontifiants (et faux) discours, pourquoi bouderait-il son plaisir ?
Illustration à travers trois grands mots magiques de la rhétorique municipale appliquée au budget : solidarité ; bonne gestion ; transparence.
SO-LI-DA-RI-TÉ
Le maire de Paris n'a que ce mot à la bouche. La dépêche AFP du 8 décembre le reprend d'ailleurs servilement : « En pleine crise, la ville de Paris va voter un budget 2012 "sérieux", elle veut "intensifier" l'aide aux publics en difficulté face à la crise et, comme pour l'exercice 2011, plus de 2 milliards d'euros seront consacrés à la solidarité ».
Ah, le bon maire que voilà !
Premier hic : on ne comprend pas bien ce que sont ces fameux deux milliards qui juxtaposent le financement du logement, les places de crèches et même le financement du tramway. Le T 3, stade suprême de la solidarité : il fallait oser !
Si l'on fait l'effort de lire les documents budgétaires plutôt que les communiqués de presse, que constate-t-on ?
1- Que la priorité aux dépenses sociales, axe majeur de la municipalité ne s'est pas traduite dans les chiffres. Petit rappel : la subvention au Centre d'action sociale est passée de 225,6 M€ en 2001 à 316,5M€ en 2012, soit une mirifique augmentation de 40 % en douze ans, guère plus que l'inflation ! Les dépenses d'aide sociale légale sont passées de 461,8 M€ en 2001 à 612,7M€ prévus pour 2012 : là encore, il n'y a aucune trace d'effort social notable.
2- Que, pour 2012, les augmentations sont concentrées sur quelques postes, dont curieusement la mairie ne se félicite pas dans ses documents budgétaires. L'exemple le plus frappant est celui de l'Aide sociale à l'enfance, dont on apprend au détour d'un paragraphe technique du rapport de présentation du budget départemental qu'elle augmente en raison de l'aide aux mineurs étrangers isolés (MIE). Citation : « Les dotations s'élèvent à 311,45 M€ contre 286,99 M€ en 2011, soit une progression de 8,5 %. Cette forte hausse des dépenses d'aide sociale à l'enfance est très largement liée au nombre grandissant de mineurs isolés étrangers (MIE) pris en charge. Paris et la Seine-Saint-Denis concentrent la quasi-totalité des MIE en France ». Ainsi, loin des discours grandiloquents sur la solidarité, la principale hausse du budget d'aide sociale est purement subie, elle est due au choix desdits mineurs de tenter de s'installer à Paris. A la lecture, on a la nette impression que les rédacteurs de ce passage regrettent que Paris et la Seine Saint Denis supportent seuls cette charge …
3- Qu'en matière de solidarité réelle, il y a loin de la coupe des déclarations aux lèvres des réalités : quand il s'agit de transférer un peu du magot des droits de mutation ( 950 millions cette année ) aux collectivités moins chanceuses que Paris, Delanoë dénonce… une attaque de l'Etat ! Il est pour le principe (comment être contre ?) mais opposé aux modalités concrètes de mise en œuvre !
Surtout, ce qu'il oublie de dire, c'est que le principal effort de solidarité va du portefeuille des Parisiens, qu'ils soient contribuables et/ou usagers, au puits sans fond des dépenses municipales de toutes natures.
Ce qui nous amène au deuxième grand mot.
BO-NNE GES-TION
Ah ! La bonne gestion. Depuis plus de dix ans, cette antienne est psalmodiée avec une telle ferveur, une telle constance, qu'on en vient à penser que Delanoë y croit lui-même. Pour l'aider à percevoir la réalité, on pourrait lui conseiller de lire « Comptes et légendes de Paris » de Dominique Foing, livre qui fait un bilan sans complaisance mais sans acrimonie (autrement dit, un bilan objectif) de sa gestion. Mais il a déjà dû oublier qu'un tel crime de lèse-municipalité avait été commis tant l'omerta médiatique autour de cet ouvrage a été impressionnante.
Pour résumer, le discours de la bonne gestion s'articule autour de trois points :
1- Priorité à l'investissement : c'est le must absolu de la communication delanoesque. On a presque l'impression qu'avant 2001 pas un fifrelin n'avait été dépensé pour investir dans la capitale. Moins de clairon, toutefois, cette année sur le sujet. Et pour cause, confirmant les tendances des précédentes années, la mairie donne un coup de frein aveugle à l'effort d'investissement.
Vous ne nous croyez pas ? Prenons les chiffres du budget : en 2001, Ville et Département de Paris votaient 930 millions d'euros d'autorisation de programmes, en 2008 : 1,7 milliard, en 2011 : 2, 5 milliard et, soudain, en 2012 c'est l'effondrement : 1,12 milliard ! On on revient quasiment, inflation déduite, au niveau d'il y a douze ans. Que s'est-il passé ? La prise de conscience trop tardive d'une gestion dispendieuse. Pour les crédits de paiement, le tournant est lui-aussi amorcé avec une baisse de 3,1 %.
Le freinage est plus que brutal. Et le pire, c'est que dans ce contexte de baisse massive de l'effort d'investissement, la mairie privilégie les opérations coûteuses, discutables et de prestige (Quais de Seine ; Jean Bouin ; etc.) au détriment de l'investissement de proximité et de l'entretien du patrimoine. Un exemple, ô combien symbolique : 14M€ seulement sont prévus pour l'entretien des équipements sportifs … Nous n'aurons pas la cruauté de totaliser le coût pour la ville de Jean Bouin, de Roland Garros … ni de détailler les conditions de la débudgétisation du financement de la rénovation de la piscine Molitor… dossier sur lequel il faudra revenir en détail.
2- Stabilité fiscale. L'AFP rapporte les propos de Bernard Gaudillère, adjoint chargé des finances : "la ville respecte la promesse faite aux Parisiens de ne pas toucher" aux impôts directs jusqu'à la fin de la mandature, en 2014".
Vous avez bien lu : oubliés les +72% de taxe foncière récemment dénoncés par l'Union nationale de la propriété immobilière, aux oubliettes les +35% en moyenne de taxe d'habitation, omis les droits de mutation qui ruissellent toujours plus lors des ventes d'appartements à Paris.Certes, nous direz-vous, il s'agit de 2012. Le problème est que, même pour 2012, les impôts des Parisiens (siennes) vont augmenter. Et pas qu'un peu. Exemple : la taxe de balayage. Cet impôt, que Paris est quasiment la seule ville de France, avec Levallois-Perret, à avoir créé passe dans les charges des immeubles ! Ni vu ni connu… et on n'en parle jamais. Sauf que cette année le coup de bambou est sévère puisque la ville attend + 30% de recettes (soit la bagatelle de 100M€ tout de même).
Pour ne pas lasser ou accabler le lecteur, ne parlons ni des multiples augmentations de taxes sur les entreprises décidées depuis deux mois par la ville de Paris, ni des effets des hausses de tarifs et redevances de toutes sortes (au hasard dans le budget 2012 : redevances dans les cimetières (+1M€), droits de voirie pour les petits commerçants (+5M€) ; droits dans les crèches (+4M€).
Ah si, un dernier mot, quand même : les augmentations d'impôts sont censées financer l'effort d'investissement !!! Si, si : le maire et son adjoint aux finances continuent de le dire très sérieusement !
3- Maîtrise des dépenses de fonctionnement : on confine ici au chef d'œuvre.
Reprenons la présentation du budget qui ressort du communiqué de l'AFP, tiré lui-même de la communication municipale : « Lors de l'exercice précédent, la ville n'avait pas lancé de plan spécifique d'économies, mais pour 2012 elle prévoit de réduire les dépenses de "24 à 25 millions d'euros". Seront ainsi rabotés les "crédits d'étude" (-3,1 M), le dispositif des "classes de découverte" (-1,2 M), la provision pour les subventions culture (-800 000 euros), notamment. Les subventions au sport de haut niveau seront en baisse d'1M, tout comme les crédits de la direction de la communication (-1 M). Pour 2012, le budget total de Paris (ville et département), le plus important de toutes les collectivités en France, s'élèvera à 7,9 milliards d'euros, en légère augmentation par rapport à 2011 (7,6 milliards). »
Est-ce une farce ? D'abord, nous n'aurons pas la cruauté de rapprocher les sommes mentionnés en exemple des gaspillages himalayens décrits à longueur d'articles sur le Delanopolis. Mais surtout, 300 millions d'euros, ce sont 4% de dépenses en plus sur une année. Est-ce cela « une légère augmentation » ? C'est effectivement une hausse moins importante que celle des impôts des Parisiens mais il s'agit tout de même de la poursuite incroyable de la dérive du budget de fonctionnement en temps de crise. Et d'un chiffre sensiblement supérieur à l'inflation !
Et puis, il faudrait que le maire et ses communicants fassent l'effort de relire leur prose d'une année sur l'autre. Cela leur éviterait de se contredire. En 2012, si l'on en croit l'AFP : « lors de l'exercice précédent, la ville n'avait pas lancé de plan spécifique d'économies ". L'an dernier on nous annonçait pourtant en plastronnant : « Quant aux crédits affectés aux charges à caractère général, ils baissent sous l'effet d'une politique active d'achat rationalisée et d'économies importantes sur les consommations » (rapport de présentation du budget primitif 2001). Peut-être cet oubli tient-il au fait que les économies réelles furent moins importantes que celles annoncées… et que l'on escompte une amnésie générale !
Très curieusement, la présentation du budget glisse avec la légèreté d'une sylphide anorexique sur un tout petit détail, un chiffre de nulle importance, une évolution sans conséquence : la diminution de plus de 150M€ de l'autofinancement du budget, c'est à dire de la capacité de la ville à préparer l'avenir autrement qu'en s'endettant !
Cet autofinancement porte le doux nom de "prélèvement sur ressources ordinaires".
Entre 2011 et 2012, il chute de 764,1 à 610,3 millions d'euros : - 20 % ! Et, s'agissant de l'autofinancement volontaire, celui que la loi n'impose pas, et qui résulte donc d'un vrai choix de gestion, c'est le trou d'air : - 45, 1 % !
Ce chiffre, mieux que tous les autres, illustre l'impéritie de la gestion delanoiste de Paris, engagée dans une fuite en avant, avec des dépenses de gestion courante incontrôlables et des chantiers inutiles et pharaoniques (Halles, Jean Bouin, Berges, place de la République, etc.) dont le coût ne fait que dériver. Et voila le travail : la ville est tellement asphyxiée, malgré le torrent des recettes fiscales, des droits de mutation aux augmentations de taxes foncières en passant par la taxe de balayage et celle d'enlèvement des ordures ménagères qu'elle doit désormais diminuer drastiquement son effort d'épargne. Et le corollaire obligé est la hausse de l'endettement, son inexorable croissance : autorisation d'emprunt 2010 : 704M€ ; 2011 : 775 M€ ; 2012 : nouveau record absolu : + 809M€.
TRANS-PA-RENCE
Evidemment, quand des fâcheux lui disent tout ça, Delanoë s'énerve, rétorque qu'avec lui c'est beaucoup plus clair qu'avant, qu'il est le premier à pratiquer la transparence et sort son joker : le triple A.
Pour la transparence, n'insistons pas : en 2001, il avait promis de créer une commission indépendante composée d'experts qui pourraient faire un diagnostic régulier de l'état des finances. Une fois élu et malgré les demandes régulières en ce sens, il a mis sa promesse aux oubliettes. Dans le même ordre d'idée, il refuse obstinément depuis plus de cinq ans le lancement d'un audit des finances municipales sur le modèle de celui qu'il a commandité à peine élu maire en 2001. Son refus a un prétexte : chaque année, la situation financière de la ville est examinée par les agences de notation et il n'est donc nul besoin d'un audit supplémentaire.
Argument doublement surprenant : en 2001, les finances étaient déjà analysées par Standard and Poor's (et la ville déjà notée triple A) et cela ne l'a pas empêché de commanditer son audit ; surtout, les agences de notation ne notent pas la qualité de la gestion : elles analysent la capacité d'un emprunteur à rembourser. Et pour une collectivité publique, elles examinent essentiellement son potentiel fiscal, c'est-à-dire sa capacité à augmenter les impôts. Et de ce point de vue, Delanoë est une excellent élève qui n'hésite pas à aller chercher dans la poche des contribuables parisiens l'argent nécessaire au remboursement des emprunts toujours plus importants qu'il contracte.
Mais ce sujet brûlant est traité cette semaine par article séparé ... A suivre !