Elle s'effondre en pleurs. Ayoub Bahi, 19 ans, a donc été interpellé juste après un cambriolage raté chez une dame âgée de 93 ans qui demeure rue des Fusillés, à Villeneuve. Le prévenu se glisse prestement dans la peau d'une victime : « Je suis SDF ; nous avons pensé que la maison était abandonnée ».
Un mensonge qui agace le président Bernard Lemaire : « Nous apprenons aujourd'hui que vous avez une petite amie, qu'elle a un appartement, que vous vivez chez elle, qu'elle est enceinte ! » Quant à l'avocat de la victime, il se scandalise : « La maison possède une porte blindée ce qui a obligé les voleurs à rentrer par l'arrière en brisant une vitre. La maison n'est pas du tout abandonnée, une dame et son neveu y vivent, il y a une voiture dans le garage, elle est meublée et entretenue ! » Le jeune Marocain encore mineur est arrivé en France sans papiers. Donc inexpulsable. Hébergé par les services sociaux, très vite, il dérape. « Je voulais devenir cuisinier, je regrette », bredouille-t-il. « Ce sont des mots, vous regrettez surtout de vous retrouver dans le box, tous les avertissements sont passés au-dessus de votre tête », gronde le président Lemaire.
« Je le connais bien puisque je m'occupe des mineurs », commence la procureure Olivia Thiel. Et d'ajouter : « Soyons clairs, c'est un échec de la justice des mineurs. En ce qui concerne les mineurs étrangers isolés, nous mettons en route le maximum de mesures d'aide, un tas de dispositifs, des formations. De son foyer, il a été expulsé à la suite d'une bagarre. Nous l'avons averti à 11 reprises. Il a été condamné à 4 reprises. Et on le retrouve une fois de plus dans une maison avec quelqu'un dont il ne veut pas donner le nom mais que je connais sûrement ! » Le prévenu répète : « Je regrette ! » Pour la procureure, l'heure n'est plus à la priorité aux mesures éducatives : « Une vieille dame de 93 ans flippe maintenant la nuit dans sa maison et c'est intolérable ! Et il a le front de dire qu'il voulait juste trouver un toit ! » La procureure requiert six mois de prison dont trois avec sursis et mise à l'épreuve.
Du côté de la défense assurée par Me Aurélien Blat, on fait front contre la tempête : « Le prévenu a accompli toute de même un certain nombre de diligences, de remises à niveau. Lorsqu'il dit qu'il voudrait devenir cuisinier, c'est vrai, ce ne sont pas que des mots ». Mais, au final, ce sont bien 24 mois dont 18 mois de sursis avec mise à l'épreuve qui tombent.w
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