Mettre fin au parcours du combattant des mineurs isolés étrangers

La convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée par la France rappelle que "les États s'engagent à assurer à l'enfant la protection et les soins nécessaires à son bien-être". 
Pourtant, dans notre pays, de nombreux jeunes isolés doivent faire face à la plus grande des précarités. Ils sont à la rue, livrés à eux-même, et doivent poursuivre leur scolarité dans des conditions intenables.
Ces jeunes sont arrivés en France pour fuir la misère, la guerre ou les discriminations. Ils ne souhaitent rien de plus que de suivre une scolarité épanouie pour, devenus adultes, pouvoir travailler. Mais à une situation humaine difficile, c'est une réponse purement administrative qui est fournie. En effet, lorsqu'un jeune mineur est isolé, à la rue et en danger, il doit être pris en charge par l'aide sociale à l'enfance, qui dépend du département. S'il est majeur, c'est à l'Etat de lui venir en aide par le biais du SAMU social. Le plus souvent, les adolescents doivent faire face à un terrible jeu de ping-pong où l'Etat et le département se renvoient la balle. Pendant ce temps, ils errent à la rue sans ressource ni aucune aide sociale.
Élues du 13e et du 19e arrondissement de Paris, nous avons alerté, ces dernières semaines, sur les cas de plusieurs jeunes garçons et filles, abandonnés à la rue faute de prise en charge. C'est une situation inacceptable qui appelle des solutions concrètes à court terme comme à long terme.

A Paris, lorsqu'un mineur isolé se trouve dans une situation de détresse sociale, il doit dans un premier temps se présenter à la permanence d'accueil et d'orientation des mineurs isolés étrangers (PAOMIE). Ce service est chargé de vérifier la réalité de sa minorité et de son isolement. C'est devenu un filtre qui, au terme d'entretiens à charge, considère systématiquement le jeune comme un menteur et un tricheur. Les compte-rendus de ces entretiens sont effarants. On y découvre que des jeunes sont rejetés en raison de leur pilosité, de leur musculature ou encore de leur taille.
Livrés à eux-mêmes, ils ne sont pas pris en charge par l'Etat qui, débordé, les considère comme mineurs, et donc relevant du département.
Poursuivre sa scolarité dans ces conditions relève du parcours du combattant. Le plus souvent, le vécu de ces jeunes est très difficile, ils ont parfois des difficultés linguistiques. S'ajoute alors l'absence de prise en charge. Et donc la misère.
Si ce sujet est souvent méconnu dans la population, il est pourtant extrêmement important. Non pas tant pour le nombre de personnes concernées, mais surtout pour les questions qu'il pose sur la façon dont notre pays traite des adolescents qui n'ont rien. 
C'est un désastre social, culturel, politique. C'est surtout une catastrophe humaine. Si la France est le pays des droits de l'Homme, elle ne peut pas continuer d'opposer la froideur administrative à des adolescents désespérés. Un mineur à la rue, c'est un mineur en danger. C'est un crime au regard de la convention des droits de l'enfant.
Pourtant, des solutions humaines existent. Elles peuvent être mises en place rapidement. Ce qu'il faut, c'est un engagement politique et une prise de conscience citoyenne. Lors du prochain Conseil de Paris, nous ferons part de nos propositions, avec le groupe Front de Gauche - PCF, pour que le débat soit lancé et que la problématique ne reste pas sans réponse.
Tous les jeunes ont droit à l'éducation. C'est ce qui fait la force de notre pays. A ce titre, tous doivent bénéficier de conditions qui permettent la bonne marche de leur scolarité. Il faut donc, d'urgence, que tous les jeunes isolés soient pris en charge tout au long de leur scolarité. C'est de cette façon, et uniquement de cette façon que nous leur permettrons de sortir de l'impasse, de l'isolement, et de construire leur propre émancipation. huffingtonpost.fr
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

 

Minori Stranieri Non Accompagnati © 2015 - Designed by Templateism.com, Plugins By MyBloggerLab.com