La cause des enfants demeure bien défendue

Marie Derain, nouvelle Défenseure des droits de l'enfant, remet vendredi son premier rapport, consacré aux mineurs accueillis en institution.

Le calendrier fait bien les choses. Le premier rapport du nouveau Défenseur, qui sera rendu public vendredi et remis le 21 au président de la République, est consacré aux droits de l'enfant. Après d'âpres débats sur le maintien du Défenseur des enfants sous son ancienne forme, c'est l'occasion rêvée pour Dominique Baudis de prouver que la cause des plus jeunes n'est pas noyée dans ce nouvel ensemble. Pour cela, il a à son côté une adjointe, Marie Derain, nouvelle Défenseure des droits de l'enfant.

Le rapport se penche sur la situation des mineurs accueillis en institution, «les plus fragilisés», selon Marie Derain. Au menu, des propositions afin d'épauler au mieux les 48.600 enfants concernés, leur éviter la multiplication des ruptures ou, si possible, associer davantage les parents aux décisions. Dans ses nouveaux habits, Marie Derain devra également assister au cas par cas les enfants vic­times d'atteinte à leurs droits dans la constitution de leur dossier, les aiguiller vers les bonnes procédures et même aider à dénouer des situations à l'étranger. Depuis son arrivée, elle a notamment été sollicitée par un jeune garçon désireux d'aller vivre avec son père, loin du domicile de sa mère, à l'autre bout de la France. «Il faut faire du cousu main et prendre en compte l'environnement de l'enfant», résume Marie Derain. Dans ce cas, après une médiation, l'enfant a finalement déménagé avec l'accord des parents séparés.

Un rapport publié vendredi 

Cette jeune quadragénaire n'est pas celle qui a la tâche la plus facile dans le triumvirat féminin qui entoure Dominique Baudis. Dominique Versini, son prédécesseur, a bataillé pour conserver l'indépendance du Défenseur des enfants. «Sa mobilisation a permis de conserver le nom et la spécificité de la mission qui ont donc été transférés», salue Marie Derain, décidée à faire taire toute controverse. Spécialiste des problématiques des mineurs étrangers isolés, appréciée pour sa vision pragmatique et sa connaissance du terrain, elle était auparavant en poste à la protection judiciaire de la jeunesse au ministère de la Justice. Elle était par ailleurs vice-présidente des Scouts et Guides de France, «une association d'éducation popu­laire», comme elle l'évoque avec pudeur. Par peur d'être cataloguée ? «L'étiquette catho, cela fait longtemps que je l'ai, plaisante-t-elle. Je n'ai pas honte car les scouts prônent des valeurs d'ouverture, de sens des autres, de partage. Mais je tiens à mon indépendance.»

Marie Derain s'interroge sur les paradoxes de notre société «où les enfants qui naissent sont désirés, portés aux nues» mais dont les droits ne sont pas toujours respectés. De là à soulever la question très actuelle du droit à l'enfant, il n'y a qu'un pas. «Elle devra être examinée, car le Défenseur des droits est un baromètre de l'état de la société et de ses interrogations, assure Marie Derain. Mais il ne s'agit pas d'émettre des avis, plutôt de creuser des questions nouvelles.»

Parmi les sujets qui lui tiennent à cœur, elle cite le gigantesque dossier de l'école, «véritable boîte de Pandore», et la parentalité. «Les nouvelles familles sont peut-être moins équipées qu'auparavant pour assurer l'éducation de leurs enfants. Il faut les aider à se mobiliser», estime la nouvelle Défenseure de leurs droits.(lefigaro.fr)