Le savoir, vecteur d'intégration »pour des mineurs étrangers isolés à Ronchin

À 35 ans, Farid Lebgaa est éducateur au SAMIE de Ronchin, un service d'urgence pour les mineurs isolés étrangers, où les jeunes ne restent que trois mois. C'est là qu'il a développé un projet baptisé « Le savoir, vecteur d'intégration » pour leur faire découvrir la France et ses grandes institutions. Succès garanti !

Comment vous est venue cette idée ?

« Nous sommes partis d'un constat avec Fatima Landy, la responsable du SAMIE : quand on accueille des mineurs isolés étrangers, qu'est-ce qui pourrait les intéresser ? J'ai pensé à la notion de démocratie car, souvent, ils arrivent de pays où cela n'existe pas. La France représente des valeurs de république, démocratie et laïcité. Ça nous semblait important de leur donner accès à ces valeurs. J'y ai réfléchi cet été et nous sommes partis à Paris fin octobre. » - Cela supposait une certaine préparation, non ?

« Pour un gain de temps évident, car ces jeunes ne restent ici que trois mois, nous avons sélectionné ceux qui parlaient français. Nous avons été aidés par Bernard Derosier et Dominique Baert, deux députés qui nous ont permis d'avoir des places pour l'Assemblée nationale. À partir de là, il y a eu un travail collectif avec l'équipe éducative et la hiérarchie du SAMIE auprès des jeunes. Nous voulions leur apporter des connaissances, un savoir en matière d'histoire de France. Je leur ai mis à disposition un dossier avec une bande dessinée réalisée par l'Assemblée nationale, pour susciter l'envie. On y trouve un rappel historique, les moments clés. Et j'ai ajouté un quiz pour voir ce qu'ils avaient compris. Ils ont pu échanger entre eux, s'entraider. » - Et sur place, le jour J, qu'aviez-vous prévu ?

« D'abord, une visite de la Tour Eiffel le matin. Puis une après-midi à l'Assemblée nationale. Il a fallu prévenir les jeunes : ils n'avaient pas le droit d'applaudir, devaient garder le silence et porter une tenue correcte. Et ils ont été nickels. Après la séance, MM. Derosier et Baert nous ont reçus pour un court échange. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut discuter directement avec un député ! Nous avons également pu visiter les coulisses, observer et découvrir des salles prestigieuses. C'était un moment fort. » - Y a-t-il eu une suite à ce projet ?

« Nous avons demandé aux jeunes de rédiger un compte rendu de cette journée afin d'en faire profiter les autres pensionnaires du SAMIE. Le bilan a été effectué la semaine dernière. C'est une expérience à renouveler. Il faudra désormais attendre pour trouver un autre moment propice. Mais c'est important de développer ce genre de projet citoyen. »