Voilà sept mois que le plus grand flou règne autour de la prise en charge des mineurs isolés étrangers (MIE). En juillet, dans une interview accordée à Libération, Claude Bartolone, le président (PS) du conseil général de Seine-Saint-Denis, clamait haut et fort que son département, proche de l’aéroport Charles-de-Gaulle, supportait l’accueil d’environ 950 MIE, et que cela pesait de tout son poids sur les impôts de ses administrés. A l’époque, il dénonçait l’Etat qui, selon lui, devrait prendre en charge une partie des financements.
En effet, ce sont les départements via l’aide sociale à l’enfance (ASE) qui sont chargés de la protection de l’enfance. Celle de Seine-Saint-Denis, au même titre que celles de Paris, de Mayotte, de Guyane, du Nord, du Pas-de-Calais et d’Ille-et-Vilaine, est aujourd’hui totalement saturée. Malgré un dispositif transitoire de péréquation - qui prend fin en juin -, visant à répartir au mieux la prise en charge des MIE sur l’ensemble du territoire, le système recèle encore de nombreuses failles. Il y a quelques jours, plusieurs organisations ont saisi le Défenseur des droits pour protester contre la baisse des crédits alloués au dossier. «En France, 6 milliards d’euros sont dédiés chaque année à la protection de l’enfance. Quant aux MIE, ils représentent 2,5% de cette somme, soit 150 millions. Il est scandaleux de couper dans ces 2,5% là. Le gouvernement fait de la politique sur le dos des enfants»,s’emporte Jean-Pierre Alaux, responsable du Gisti.
Jean-Michel Centres, du Collectif des exilés, déplore, lui, la nature de la prise en charge des 16-17 ans : «Vu que l’Etat sait qu’ils deviendront expulsables à leur majorité, on se contente de les placer en hôtel sans la moindre tentative de scolarisation ni de soutien éducatif.»Effectivement, les contrats jeunes majeurs (CJM) sont de plus en plus difficiles à obtenir pour les MIE. Récemment, la Direction de l’action sociale de l’enfance et de la santé (Dases) lançait un appel à projet pour développer des structures dédiées à la tranche des 16-18 ans.
Si certains attendent une politique plus attentionnée en cas d’accession au pouvoir de la gauche, Maxime Zennou, directeur général de l’association Insertion et alternatives (groupe SOS), pense «que, dans le contexte de crise, il y a fort à craindre que les politiques sociales, pourtant vecteur de cohésion, continuent d’en faire cruellement les frais. Pourtant, on attend plus de justice».
liberation.fr